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Texte V, pour répondre aux questions de 26 à 30.
Réconcilier doute et espoir
1 Le monde contemporain nous confronte à une série
de paradoxes qui se présentent comme autant de défis pour
la pensée et l'action politiques.
4 Le premier paradoxe est spatio-temporel. La mesure
du temps et de l'espace change. La terre n'est plus qu'un
point infime par rapport auquel on mesure en années-lumière
7 la distance aux étoiles, mais les changements sont si
importants et si rapides sur Terre que nous aurons besoin de
périodes courtes, dorénavant, pour en prendre la mesure.
10 La division en siècles propose des tranches de temps trop
larges aux historiens de demain. L'espace terrestre se réduit
et le temps des hommes accélère.
13 Le deuxième paradoxe, c'est que l'apparition de ce
nouvel espace-temps semble consacrer la pérennité du
présent, comme si l'accélération du temps empêchait d'en
16 percevoir le mouvement. Cette nouvelle idéologie du présent
est celle d'un monde qui est pourtant en pleine éruption
historique et scientifique. Mais à l'heure de la communication
19 instantanée des images et des messages, nous n'osons plus
imaginer l'avenir et avons le sentiment de vivre dans une
sorte de présent perpétuel. Nous balançons entre nostalgie et
22consommation boulimique de l'actualité.
Le troisième paradoxe est spatial et social.
L'urbanisation du monde (l'apparition du "monde-ville ") est
une caractéristique essentielle du phénomène de
25 une caractéristique essentielle du phénomène de
globalisation. Elle passe par l'extension des mégapoles (les
"villes-mondes"). A l'échelle du "monde-ville ", nous pouvons
28 observer la circulation ininterrompue des hommes, des biens
et des messages. Mais à l'échelle de la "ville-monde", le
tableau change: nous retrouvons à la fois toute la diversité et
31 toutes les inégalités du monde. La ville-monde est cloisonnée
de mille manières; on y trouve des quartiers privés,
surprotégés, et des quartiers qui échappent au contrôle de la
34 police. Une majorité d'humains est assignée à résidence dans
les faubourgs de la misère.
Le quatrième paradoxe touche au domaine de la
37 connaissance. Alors que la science ne cesse de progresser à
un rythme accéléré, l'écart se creuse entre l'élite du savoir et
ceux qui n'y ont aucun accès. Qu'ont en commun, de ce point
40 de vue, le fils d'un couple de professeurs à Harvard et la fille
d'un paysan afghan? Rien, sinon d'être au même titre des
êtres humains et de vivre à la même époque.
43 Face à ces défis, les politiques semblent aujourd'hui
désarmés. Ils se réfugient dans la gestion du présent, la
"gouvernance". Ils auraient cependant intérêt à s'inspirer de la
46 modestie tenace propre à la démarche scientifique. La force
des scientifiques, c'est qu'ils ne doutent pas de la réalité de
leur objet et savent que peu à peu, pas à pas, ils avancent.
49 Qu'est-ce qui pourrait inspirer une telle conviction
aux politiques, sinon la conscience d'avoir un objet, eux aussi,
et de rester fidèles à un principe axiomatique? Cet objet, c'est
52 l'individu, indépendamment de son sexe, de son origine ou de
son âge. Et le principe, c'est la nécessité de sa liberté
formelle et réelle. Au total, c'est sur la conception effective
55 qu'un régime politique a de l'individu, sur l'autonomie réelle
qu'il lui reconnaît, que l'on peut mesurer son caractère plus
ou moins démocratique.
Marc Augé, ethnologue. Internet: . Acesso em 9/7/2010.
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