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Texte IX, pour répondre aux questions de 44 à 50.
Une langue vivante de référence, la langue française
1 Toute communauté possède un bien précieux, sa
langue, premier lien entre tous ses membres et porteuse,
en elle, de tout ce qui en fait l'esprit. Mais dès lors que cette
4 communauté ne vit plus seule, qu'elle s'associe à d'autres
dans un ensemble où chacune a son propre mode
d'expression — Babel en fit l'expérience en son temps —,
7 l'incommunicabilité s'instaure, les incompréhensions
s'installent, les conflits s'insinuent.
L'union durable des peuples ne se fait pas sur des
10 intérêts matériels; ceux-ci sont trop aléatoires et deviennent
souvent contradictoires. L'ensemble se disloque, car il n'a
pas, comme en maçonnerie, un liant qui maintient la cohésion
13 des éléments.
La francophonie illustre le propos. La langue
française en est le liant. Mais pour ses pays membres, la
16 volonté de se rassembler autour d'une langue témoigne de
I'intérêt qu'ils lui portent comme fondement essentiel de leur
rapprochement.
19 En outre, si des pays non francophones viennent s'y
joindre, faut-il prosaïquement n'y voir qu'une simple envie de
se rallier à quelque chose d‘existant? Il est quand même
22 difficile de croire que l'attrait financier soit à l'origine de leur
démarche, les subsides de la francophonie ne devant pas
être particulièrement abondants! Certes, un peu, c'est mieux
25 que rien, mais encore! Peut-être cherchent-ils autre chose,
comme une sorte de référence culturelle et morale que, pour
eux, notre langue symboliserait?
28 Car il est indéniable que, dans un monde qui donne
l'impression d'être tiraillé de toute part, se rapprocher de
quelque chose qui affiche une certaine stabilité et qui serve
31 de point d'ancrage est vraisemblablement une ambition à
laquelle plusieurs pays doivent aspirer. La langue française,
de par son passé et ce qu'elle a acquis au cours du temps, ne
34 pourrait-elle être un de ces pôles de ralliement?
Mais encore faut-il qu'elle soit vivante, qu'elle sache
suivre le monde dans son évolution! La langue française est
37 vivante, où du moins la considère-t-on comme telle. Et si elle
l'est, c'est qu'elle s'adapte à son temps. Mais pour qu'il en soit
ainsi, encore faut-il que ce qui en fait l'essence soit
40 parfaitement préservé. Ce qui l'identifie notamment c'est son
vocabulaire, sa grammaire, sa rhétorique et sa poétique, à
savoir, les mots qui la composent, les règles qui s'appliquent
43 à leur emploi, la manière dont on en fait usage, en particulier
pour exprimer la beauté.
Or toute cette gradation de ce qui fait notre langue
46 est soumise aux exigences du temps qui passe, d'une pensée
et de mœurs qui changent. Et dans cette évolution
permanente, il importe qu'elle ne perde jamais son identité et
49 ce qui en fait sa richesse. La faire vivre et connaître passe
par l'enseignement du français.
Prenons par exemple, en grammaire, les
52conjugaisons dont la langue française regorge en modes et
temps parmi lesquels certains sont tombés en désuétude.
Faut-il les maintenir? Comment faudrait-il les enseigner pour
55 qu'ils soient à nouveau en usage? Le passé simple, par
exemple, est parfaitement connu des enfants qui l'entendent
régulièrement dans les contes et les histoires qu'on leur lit et
58 en comprennent sans difficulté la signification. Et, pourtant, il
s'est exclu de la vie courante, orale et écrite, des adultes.
Serait-ce un temps dont l'usage demande la fraîcheur
61 enfantine? Comment en améliorer l'apprentissage et la
pratique?
Enfin, considérons les pluriels des adjectifs en -al.
64 À moins que des raisons étymologiques en expliquent les
particularités, doit-on les maintenir? Faut-il les abolir? Il est
vrai qu'à l'oreille, des objectifs finaux, par exemple, ne
67 sonnent pas très futé, surtout si on les considère finals!
Et c'est parce que notre langue saura respecter ce
qu'elle a d'essentiel au cours de son évolution qu'elle vaincra
70 le temps et l'espace pour se rendre utile et même
indispensable à ceux qui l'aiment et la choisissent.
Michel Borel. Internet: (adapté). Acesso em 5/7/2010.
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